Chloé Romengas – Auteure et dessinatrice engagée

Cape ou pas cape d'invisibilité ?

Interview :

Chloé Romengas, une femme engagée qui rend visible l’invisible.

Bonjour Chloé ! Tout d’abord, question un peu basique : peux-tu te présenter ? 🙂

Alors oui, je m’appelle Chloé Romengas, j’ai 30 ans, je suis aujourd’hui autrice dessinatrice et entrepreneure ! Je suis passionnée de lecture, de science, j’aime la ville et la nature, aller au cinéma, voir des expos, en bref tout ce qu’il y a de culturel et scientifique.

On sent effectivement une énergie pleine de curiosités! Mais quel parcours as-tu suivi pour en arriver jusqu’à ton activité ?

À vrai dire il n’est pas tellement linéaire. J’ai fait une prépa maths et une grande école de commerce, puis je suis partie finir mes études à l’étranger, à Lisbonne et Los Angeles. J’ai commencé à travailler dans une grande Maison de Luxe à Paris, en tant qu’analyste stratégique (marketing/financière) où là j’étais comme un électron libre, j’ai pu faire des études sur différents sujets, c’était intéressant, mais j’avais quand même envie de découvrir autre chose, alors je suis partie faire du conseil en organisation.
En parallèle j’ai petit à petit renoué avec ma passion pour le dessin, qui a pris un peu plus d’importance, et par hasard, alors que je venais d’emménager à Lyon et de commencer un nouveau travail en stratégie, cette passion est devenue mon métier !

D’accord! Mais alors raconte-nous, pourquoi l’illustration ?

En fait depuis tout petite j’adore dessiner. J’ai arrêté car mes études me prenaient du temps et mon job prenait beaucoup de place. Mais ça me manquait beaucoup. L’ennui au travail m’a donné envie de renouer avec mes centres d’intérêt, j’ai senti que c’était le bon moment pour replonger dans cette passion. J’ai intégré une école d’illustration à distance durant 3 années, simplement pour le plaisir, alors que je travaillais encore. Puis, début 2016, une maladie que j’avais s’est aggravée, j’étais en arrêt et je n’en voyais pas le bout donc j’ai préféré cesser mon contrat et me mettre en freelance, pour pouvoir travailler même malade, et même dans mon lit. C’était risqué, mais quitte à prendre un risque, autant y aller à fond, je me suis donc lancée pas dans le conseil mais dans l’illustration !

SAUF que finalement cela ne m’a pas plu du tout ahah. L’illustration freelance c’est dessiner le projet de quelqu’un d’autre, et je voulais développer mes propres projets, avoir une totale liberté. Parallèlement j’ai donc créé un blog sur mon temps libre, pour sensibiliser sur le haut potentiel, un sujet que je trouvais trop tabou, et plus le temps passait, plus les lecteurs adhéraient à ce que je proposais, ce qui m’a conforté dans mes projets. Je rédigeais de l’ordre d’un chapitre par mois environ sur ce blog qui s’appelait Rayures et Ratures (et qui existe toujours) sauf qu’à un moment donné les gens m’ont demandé de le transformer en livre… que j’ai publié !

Ça donne vraiment du courage et de la confiance cette histoire! On peut voir également que tu sensibilises également sur le sujet du handicap invisible. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de partager sur ce thème ?

Je voulais sensibiliser sur ce sujet depuis longtemps, et j’ai créé ce compte @chloeinvisible juste après la publication de Rayures et Ratures. J’ai senti que c’était le moment, j’avais envie de travailler sur un nouveau sujet, et j’avais eu quelques années pour prendre du recul sur ce projet. En effet, le handicap invisible me touche personnellement (même si parfois il est visible) donc j’ai eu besoin de réfléchir sur l’angle d’attaque de ce projet pour que ça ne soit pas centré sur mon expérience.  J’ai souvent droit à des réflexions de personnes qui ne comprennent pas ce que je peux vivre et je sais que je ne suis pas la seule à les recevoir.  Je suis persuadée que les gens ne sont pas méchants mais simplement maladroits par manque de connaissance et de compréhension, alors j’ai voulu faire quelque chose pour y remédier!

On comprend vraiment, crois moi, que tu as vraiment envie de faire bouger les choses, et plus que l’envie, tu le fais ! Quelles sont les valeurs qui pour toi sont essentielles à partager au travers de tes réalisations ?

La compréhension, le respect, la différence et la tolérance. Quand j’ai vu qu’on était aussi nombreux à souffrir de ces remarques maladroites, je me suis dit qu’il était temps de parler, d’expliquer, de mettre un peu de bienveillance dans ce regard qui met en permanence en doute ce que l’on vit.

Ce qui m’anime c’est aussi cette question : pourquoi, dès le départ, on ne croit pas tout le monde, en fait ?! Pourquoi on met toujours en doute ce qu’on ne voit pas de nos propres yeux ?

Tellement! J’imagine que tu as des retours régulièrement de ton engagement ?

Oui, majoritairement je reçois des remerciements car les gens se sentent moins seuls, cela leur fait du bien. D’autres me prennent un peu pour leur psy ce qui est compliqué pour moi car ils se sentent en confiance, me racontent leur histoire souvent douloureuse et moi je ne suis pas formée pour cet accueil. 

Mais ça me fait vraiment plaisir que ces illustrations aident, je me sens utile.

Et c’est là toute l’essence même du pourquoi tu es là Chloé ! Est-ce qu’on aurait droit d’avoir un aperçu de tes prochains projets pour suivre tes aventures ?!

Alors là en ce moment je suis sur la rédaction du second “Rayures et Ratures”, il est presque terminé, et je planche également sur un livre/bande dessinée sur les maladies invisibles pour ouvrir le dialogue. Exactement comme Rayures et Ratures sur le haut potentiel, mais sur la maladie. Pour les concerné.e.s, l’entourage, les soignants, ou les curieux !

On a vraiment hâte de te lire Chloé! Si tu devais faire passer un message aux femmes, particulièrement, atteintes d’une maladie chronique, qu’aimerais-tu leur partager? 

J’aimerais leur dire que tout est possible. La société nous considère souvent comme des assisté.e.s, mais c’est pas le cas. On peut avoir un travail, voyager, peu importe ce qu’on veut, mais faire ce qu’on aime. On doit juste s’adapter. Au début on veut souvent faire comme d’habitude, ne rien changer, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’on n’y arrive plus, alors qu’en fait si mais… différemment !

On ne doit vraiment pas abandonner les projets qui nous tiennent à coeur, on trouvera toujours un moyen de les faire !

Un énorme merci à Chloé pour ce partage, qui marque le début de la série d’articles “Cape ou pas cape d’invisibilité” et mettra à l’honneur des parcours de femmes qui sont dans l’ombre… Mais font toute la lumière de notre société, comme notre super Chloé!